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Le Cloud et Ludovic Dubost

[réflexions publiées par Ludovic Dubost sur son compte mastodon] Photo de Ludovic Dubost Atlassian a annoncé vendredi des changements importants de son offre on-premise pour devenir cloud-first. Pourquoi est-ce important ?

Tout d’abord, Atlassian est un concurrent, éditeur du logiciel Confluence, un wiki. C’est un concurrent que j’ai toujours respecté car lancé sans fonds, il offrait des logiciels abordables à toutes les tailles d’équipes, serveur et cloud. Un concurrent difficile mais respectable. Régulièrement déjà, les prix augmentaient (en cloud, comme serveur) et les offres premium apparaissaient. La stratégie d’acquisition se transforme en monétisation comme beaucoup d’entreprises dans le software et l’internet.
Résumé des décisions :
1/ fin de l’offre abordable « on-premise » -> « allez vers le cloud les PME et les petites équipes »
2/ doublement du prix de l’offre « data-center », prix d’entrée 27 K$

Finalement c’est clair, pour le business du software, l’avenir c’est le cloud. Oubliez le contrôle de vos données. Oubliez la maîtrise de vos logiciels. Et au passage, oubliez la confiance dans vos fournisseurs informatiques ! Bien sûr le “Cloud” c’est pratique. Déléguer son informatique à des spécialistes c’est parfois moins cher.

Mais c’est un retour en arrière sur le contrôle. Le contrôle des données, du software et des prix.
Quand j’ai démarré dans l’informatique dans les années 90, c’était au temps de la domination de Microsoft et des éditeurs propriétaires avec toutes sortes de stratégies de lock-in qui emprisonnaient les utilisateurs. Mais si on ne maîtrisait pas le logiciel, on avait les machines.

Les standards, les logiciels libres et open source se sont alors développés. L’Internet était un outil formidable, diffuseur de connaissances. Puis le Cloud est arrivé, magique avec des services gratuits, et des logiciels « pas cher »…
Mais derrière le Cloud c’est le retour de la stratégie de lock-in puissance 10. Les logiciels open source sont relégués au niveau des couches basses. La plupart des services Cloud sont propriétaires et en plus de contrôler les logiciels ils contrôlent maintenant les données.

Les entreprises du Cigref voient comment le piège se referme sur elles.

Mais le mouvement semble difficile à arrêter. Le business du cloud fermé marche trop bien pour les fournisseurs. Les fournisseurs engrangent les revenus, vont plus vite que les concurrents “ouverts”. Ils fusionnent et le « gagnant prend tout ». Ainsi un opérateur comme Atlassian, dont le business on-premise était parfaitement rentable, préfère se focaliser sur le marché qui lui rapportera la plus. Au revoir le contrôle de vos données ! Au passage, les fournisseurs Cloud étant presque tous américains, je vous laisse imaginer la tête de la balance commerciale Européenne quand les prix vont augmenter régulièrement.

Est-ce qu’il existe une alternative ?
Oui les logiciels libres et open source permettent aussi bien un fonctionnement sur ses propres serveurs et aussi en mode cloud, que ce soit sur le cloud de l’éditeur (quand il y en a un), ou sur un cloud d’un hébergeur. Les logiciels open source ne permettent pas aux fournisseurs d’abuser de position dominante. Un fork et des nouveaux fournisseurs peuvent reprendre la base de code.

Cela n’empêche pas de bénéficier des avantages d’un Cloud, comme XWiki SAS le fait avec la plateforme XWiki Cloud chez OVH, mais si on abuse sur les prix, le client peut toujours décider d’auto-héberger.
Ce qu’il faut espérer, c’est que les utilisateurs (grandes entreprises, PME, administrations publiques, l’Europe) et les fournisseurs de cloud indépendants, vont se rendre compte que les offres libres sont une vraie alternative et soutenir ceux qui les proposent #opencloud