Important Notice: this service will be discontinued by the end of 2024 because for multiple years now, Plume is no longer under active/continuous development. Sadly each time there was hope, active development came to a stop again. Please consider using our Writefreely instance instead.

Il est SUPER GREEN mon datacenter !

Manifeste en faveur de la croissance verte, pro-telco et pro-cloud. Nos plateformes préférées sont les vrais premiers écologistes de France 😍

La bannière est un extrait du film “Le Cinquième Élément” par Luc Besson

Régulièrement je me retrouve embourbé dans des débats sur Twitter à propos d’écologie et de numérique. À chaque fois, on s’écharpe sur l’organisation du réseau : est-ce que centraliser est plus écolo que décentraliser ? À force de ne pas se comprendre, j’en suis venu à la conclusion que nous n’étions pas d’accord. Enfin plus exactement, nous n’avons pas les mêmes prémisses. D’un côté, les pro-centralisations avancent les nombreuses optimisations qu’ils ont mis en place en centralisant les infrastructures. De l’autre, les pro-décentralisations pointent l’échec de cette stratégie d’un point de vue macro et propose la décentralisation comme solution. Mais qui peut bien avoir raison dans cette histoire ?

Bien gérér et partager les ressources informatiques

Les pro-centralisations nous disent que le meilleur moyen d’économiser de l’énergie c’est de centraliser le matériel pour le partager entre les internautes. Après tout, il vaut mieux un seul gros ordinateur pour mille internautes que milles petit ordinateurs chez chaque internaute : les calculs sont sans appels, la première option est plus efficace et ce pour au moins trois raisons. Tout d’abord parce qu’on évite de dupliquer des composants (ex: alimentation électrique, carte mère, etc.), à la place on les dimensionne pour être plus performant. Ensuite parce qu’une ressource est rarement utilisée en continu par un internaute, donc la puissance du gros ordinateur centralisé peut être inférieure à la “somme” de tous les petits ordinateurs. Enfin, le gros ordinateur est géré par des “pros” qui connaissent infiniment mieux les ordinateurs que les internautes lambdas. Ils peuvent donc prendre des décisions plus rationnelles. De manière générale, ce raisonnement est appliqué à tout ce qui touche à la centralisation : aux bâtiments qui héberge ces ordinateurs (les datacenters) ou les réseaux. Pourtant, malgré cette rationalisation technologique extrême, les pro-centralisations font tout de même face à des critiques environnementales.

Mieux (ré)-utiliser nos ordinateurs

Puisque d’un point de vue macro, les datacenters consomment beaucoup d’énergie, certains internautes ont décidé d’utiliser ce qu’ils avaient sous la main pour s’en passer : leurs (vieux) ordinateurs. En ré-utilisant du matériel, ils désamorcent un argument des pro-centralisations : centraliser certaines ressources informatiques n’a pas empêcher leur prolifération chez les internautes. D’un point de vue écologique, ça permet de désamorcer l’argument de la fabrication et de la destruction du matériel, mais pas de l’usage. Et c’est vrai qu’à application équivalente, nos ordinateurs individuels sont moins efficaces que les gros ordinateurs. Mais nos vieux ordinateurs sont également plus limités, ce qui fait qu’ils ne supporteront pas les applications qui tournent actuellement en datacenter. S’ouvre alors deux possibilités pour notre internaute dissident : acheter du matériel plus puissant pour faire comme les “pros” ou prendre conscience de ses usages et adopter un comportement plus sobre.

Expérimenter un monde différent

Rares sont ceux et celles qui choisissent la voie de la surenchère technologique. Pour s’en convaincre il suffit de lire les threads sur Hacker News ou Lobste.rs des technos choisies par celles et ceux qui s’auto hébergent. Dans son cheminent, notre internaute sera amené à questionner le discours des “pro-centralisations”. Comment peuvent-ils nous faire croire :

  • Que la surveillance (IA, business intelligence, big data, data lakes, trackers, etc.) qu’ils opèrent de manière opaque dans les datacenters n’a pas de coût écologique ?
  • Que nos comportements ne sont pas dus qu’à nos caprices et n’ont pas été modelées par leurs choix techniques (vous avez entendu parler d’économie de l’attention ?).
  • Que le peu de communs d’internet qui nous reste (les emails) est extrêmement polluant, beaucoup plus que leurs solutions propriétaires ?
  • Que l’obsolescence de nos terminaux est inéluctable ?
  • Que le manque de temps des développeur·euses pour se former sur des technos plus sobres ou écrire de meilleurs logiciels est un problème individuel ?
  • Qu’ils optimisent le matériel au mieux alors que leur slogan préféré est “hardware is cheap” ?
  • etc.

Nous voilà au nœud du problème : le discours “pro-centralisation” est un discours “pro-capitaliste”. Ce discours a besoin de nier les questions précédentes pour arriver à ses conclusions. Mais en même temps, il semble impératif de répondre à ces questions pour avoir un impact sur l’environnement.

Pour une action écologique concrète, nous devons ré-imaginer nos usages ensemble, de manière transparente, et sans ingérence. Pour se faire, il est nécessaire de refuser la centralisation.