Michel Onfray, un sophiste qui s'ignore

Depuis de nombreuses annnées, notre société est plongée dans une misère intellectuelle. On reconnaîtra dans celle-ci les écrits non seulement de BHL, mais aussi ceux de Michel Onfray, Eric Zemmour, Raphaël Enthoven et tant d’autres. Ce problème vient du fait, qu'à de rares exceptions près, la critique littéraire n’existe plus. De plus, les médias ont un effet désastreux sur la diffusion de cette médiocrité car ils mettent souvent en avant des personnes qui ne le méritent pas.

En 1979, un échange mémorable a eu lieu entre Pierre Vidal-Naquet et Bernard-Henri Lévy (BHL), suivi d’une remarquable conclusion de Cornelius Castoriadis:

http://www.pierre-vidal-naquet.net/spip.php?article49

Dans cette article, nous allons démontré à quel point Michel Onfray est un intellectuel qu’il faudrait éviter de lire.

Pour commencer, écoutez les 35 premières minutes de l’émission enregistrée sur France Culture le 17 août 2017 intitulée «Le sublime dans la nature : questions du public». L’enregistrement a été supprimé sur le site de France Culture (pourquoi ?), mais un internaute a eu l’intelligence de nous en garder l’extrait le plus intéressant:

Onfray a réussi, écoeurée, à faire partir cette pauvre dame qui lui avait posé une question toute simple au début et ne s’attendait pas à un tel déchaînement de haine. Voyant cela, il a en plus eu l’indélicatesse de dire qu’elle ne supportait pas les débats. Quel débat ? Onfray s’est lancé dans un long monologue (plus de 30 minutes quand même !) à charge exclusive contre Mélenchon, sans sa présence. Mais le plus grave c’est qu’il dit à peu près n’importe quoi. Il serait trop long de tout énumérer. Je vais donc me contenter de ces quelques éléments en vrac:

  1. Voici une chronologie succincte expliquant comment la Terreur a été instaurée (vous verrez que ça ne colle pas avec ce que raconte Onfray):
  • Le 12 février 1793, une délégation des quarante-huit sections lit à la Convention une pétition en faveur de l’établissement d’une loi sur les subsistances rédigée par Jacques Roux.
  • Le 25 février 1793, les épiceries sont envahies par le peuple qui taxe arbitrairement les marchandises. En Ille-et-Vilaine, les administrateurs du district de Bains signalent que la levée en masse risque de provoquer une insurrection.
  • Le 4 mai 1793, la Convention sous la pression populaire décrète le maximum du prix des grains.
  • Le 31 mai 1793, journée insurrectionnel à Paris (coup monté par Pache et ses amis pour supprimer les Girondins dont la commission des 12 risquait fort de les mettre à juste titre en accusation).
  • Le soir du 2 juin 1793, l’arrestation de 29 députés Girondins est décidée. Les autres seront emprisonnés.
  • Le 15 juin 1793, la section des Droits-de-l’Homme demande l’instauration d’une taxation générale et le vote d’une loi contre les accaparateurs.
  • Le 26 juillet 1793, décret sur les accaparement. L’accaparement est un crime capital. Sont déclarés coupables d’accaparement et punis de mort ceux qui dérobent à la circulation des marchandises ou denrées de première nécessité.
  • Aux approches de la Fédération du 10 août, les comités de gouvernement craignent une émeute dans Paris. Pour approvisionner la capitale et la maintenir dans le calme, ils sont obligés de recourir aux réquisitions.
  • Le 10 août 1793, la fête de l’unité et de l’indivisibilité de la République est célébrée au Champs-de-Mars.
  • Le 16 août 1793, publication d’un décret ordonnant le recensement général des grains de la dernière récolte. Tout citoyen qui sera convaincu d’avoir fait une fausse déclaration sera puni de dix années de fers et ses grains confisqués, à savoir un quart au profit du dénonciateur et le reste au profit de la République.
  • Le 22 août 1793, première arrestation de Jacques Roux.
  • Le 27 août 1793, libération de Jacques Roux.
  • Le 30 août 1793, aux Jacobins, l’abbé Royer demande que la Terreur soit mise à l’ordre du jour.
  • Le 2 septembre 1793, le peuple de Paris investit la maison commune en réclamant du pain.
  • Le 4 septembre 1793, les manifestation redoublent d’intensité devant la maison commune.
  • Le 5 septembre 1793, sous la pression des sans-culottes, les députés mettent la Terreur à l’ordre du jour. Jacques Roux est arrêté pour la seconde et dernière fois.
  • Le 11 septembre 1793, un décret de la Convention institue le maximum des grains à l’échelon national.
  • Le 17 septembre 1793, la Convention adopte la loi sur les suspect sur la proposition de Merlin de Douai.

Qu’il le veuille ou non, Jacques Roux est un suspect, donc il subit les effets du traitement arbitraire des suspects : il est arrêté. Ironie de sa malheureuse histoire, c’est peu de temps après son incarcération qu’est promulguée la loi de suspects, le 17 septembre 1793. Il devrait s’en réjouir puisqu’il l’avait lui-même réclamée dans un numéro du Publiciste, en août.

L’Enragé Varlet, en décembre 1792, exposa le point de vue de Jacques Roux sur la souveraineté du peuple dans l’exercice d’une démocratie directe : «La souveraineté est le droit naturel qu’ont tous les citoyens, dans les assemblées, d’élire sans intermédiaires à toutes les fonctions publiques, de discuter eux-mêmes leurs intérêts, de rédiger des mandats aux députés qu’ils commettent pour faire des lois, de se réserver la faculté de rappeler et de punir ceux de leurs mandataires qui outrepasseraient leurs pouvoirs ou trahiraient leurs intérêts.»

Voilà un beau point de vue de la démocratie développé par les Enragés.

  1. Onfray nous explique que «les histoires de la Révolution française sont écrite par des jacobins, par des marxistes, par des communistes : Soboul, Mathiez, tous ces gens là. Pendant des années c’est la confiscation de la Révolution française par ces gens là qui supposent que la Révolution française, elle est ce qui fournit le modèle de la Révolution russe et la Révolution russe c’est ce vers quoi il faut aller. Une bonne partie du XXème siècle est formatée par l’histoire jacobine de la Révolution française». Après il explique que lui connait la Révolution, qu’il a chez lui les écrits complets de Robespierre, etc.

Au sujet de à sa critique des historiens Soboul et Mathiez et son admiration pour Furet, on peut lire avec profit le document intitulé «Penser la controverse : la réception du livre de François Furet et Denis Richet, La Révolution française» écrit des intellectuels sérieux et beaucoup plus nuancés qu’Onfray.

Pour savoir si Soboul est toujours digne d’intérêt, on peut lire le document intitulé «Albert Soboul et la Société des Etudes Robespierristes».

Oui, Mathiez et Soboul sont toujours des références aujourd’hui. Ils ont fait un travail de recherche historique remarquable qui sera enrichi plus tard par d’autres historiens comme Henri Guillemin ou Jean-Clément Martin.

Dans son «Historiographie thématique de la Révolution française : La Terreur», Claudine Cavalier écrit la chose suivante :

«L’ouvrage [de Arno Maier] est remarquable, d’abord par ses ambitions, son ampleur, ses moyens. C’est un travail fondé exclusivement sur des sources secondaires, très synthétique. Par beaucoup d’aspects il est très convaincant, et surtout par la volonté d’intégrer toutes les dimensions de l’événement «Révolution» et de ses crises internes pour en expliquer la violence, sans chercher à réduire le champ de recherche à la seule dimension politique. Il propose une réflexion très séduisante sur la notion tant décriée de «circonstances», et s’attache à démontrer le lien entre événements et réactions, qui passe de la révolution à la contre –révolution par la vengeance et la contre-vengeance. L’exposé de la façon dont les événements s’enchaînent et comment cet enchaînement explique la montée rapide de la violence est très éclairant. Comme l’ouvrage de Gross, mais d’une autre façon, le livre s’inscrit en faux contre les lectures de la période du type de celle de Furet, trop rapides et systématisées sans précaution d’après des concepts anachroniques ou simplement non pertinents : il rappelle avec clarté que la contre-révolution n’était pas un mythe et que la plupart des actions répressives auxquelles eut recours la Révolution, pour avoir été excessives, n’avaient rien à voir avec une prétendue «paranoïa», que la guerre extérieure et ses conséquences économiques et politiques a constitué un énorme facteur de violence intérieure. Maier récuse entièrement la lecture de la Terreur d’après la notion de totalitarisme, car la rapidité de l’événement lui-même et des enchaînements de circonstances est en opposition avec l’idée de système qui fonde le totalitarisme.»

Furet fait partie, avec Mona Ozouf avec qui elle a collaboré, des historiens de la Révolution auxquels se réfère Onfray. Claudine Cavalier nous explique dans cet article que les lectures de Furet sont trop rapides, systématisées sans précaution d’après des concepts anachroniques ou non pertinents.

  1. Onfray parle du prêtre Jacques Roux qui faisait partie des Enragés, qui avait de bonnes idées économiques (ce qui est vrai) et qui a été envoyé à la guillotine par Robespierre avec ses amis. C’est inexacte. D’abord, Jacques Roux s’est suicidé avant de passer au tribunal révolutionnaire (ses amis pensaient qu’il pourrait sortir libre comme Marat quelques mois plus tôt, mais lui n’y croyait pas car il sentait qu’il n’avait pas une influence aussi grande auprès des sans-culottes). Ensuite, il a été la seule victime du groupe des Enragés, tous les autres ayant survécu (après un séjour en prison). Marat avait accusé Roux d’être pour ainsi dire un imposteur dans son journal «Le Publiciste» après le discours de ce dernier à la Convention qui a provoqué la fureur de nombreux députés. Cette accusation était infondée. On l’accusera aussi de vol lorsqu’il sera en prison. On voulait manifestement l’abattre. C’était quelqu’un de bien mais trop extrêmiste aux yeux de beaucoup. Il faut enfin savoir que Jacques Roux a participé, avec les Enragés, à la lutte contre les Girondins (dans le cadre de leur alliance avec les Montagnards jusqu’au printemps 1793). Roux n’a pas été tendre avec eux.

Onfray, «le Girondin», ne devrait donc pas le prendre pour exemple ou alors il doit reconnaître qu’il y avait aussi un problème avec les Girondins.

  1. Onfray parle de l’infâme Jean-Baptiste Carrier à l’origine de nombreux crimes en Vendée en disant que celui-ci a été encensé par Robespierre. C’est ignoble d’affirmer cela car quand Robespierre a appris les horreurs commises par Carrier et d’autres, il les a rappelés à Paris afin, sans aucun doute, de les châtier. Carrier et les autres le savent et manigancent contre lui pour le faire tomber. Ils parviennent à leur fins. Robespierre sera décapité et les Thermidoriens jetteront sur lui, pour les siècles à venir, toutes les horreurs de la période de la Terreur, à la manière d’un bouc émissaire.

  2. Onfray raconte que, je le cite, «l’insurrection vendéenne c’est juste des paysans qui disent y en marre de vos guerres, y en marre de vos impôts, vous nous faîtes payer des impôts, vous voulez faire des guerres partout et vous venez nous chercher dans nos champs pour nous dire il faut aller faire la guerre pour la Révolution et la république. Les jacobins : vous voulez pas, alors on va vous massacrer. Les vendéens : alors on prend les armes». Approximations et mensonges. D’après les travaux de Michel Ragon, qui n’est certainement pas un communiste ou un jacobin selon les propos d’Onfray puisqu’il considère 1793 comme une dictature, voici les deux causes principales de l’insurrection vendéenne :

  • L’insurrection de mars 1793 exprima les déceptions de quatre ans de luttes populaires qui non seulement n’aboutirent pas, mais ont vu la vente des biens nationaux profiter exclusivement, dans ces régions, aux possédants le plus souvent urbains. De plus, la réforme du clergé diminua le nombre des cures, ce qui entraîna l’opposition des paroissiens et celle des prêtres réfractaires à la Constitution civile du clergé, condamnée par le pape.
  • La Convention girondine qui s’était lancée dans la guerre de conquête européenne en octobre 1792 échoua lamentablement, et les Belges et Rhénans chassèrent les armées d’occupation. En pleine débâcle, la Convention girondine décréta la levée des 300000 hommes en février 93, ce qui fut le prétexte de l’insurrection du bocage.

Réf : Article intitulé «Michel Ragon, 1793. L’insurrection vendéenne et les malentendus de la liberté».

  1. Onfray affirme que Robespierre aurait dit au sujet des vendéens «Massacrez-moi tout ça !» en signant l’ordre d’exécution d’un génocide. C’est complètement faux. Puisque Onfray dit posséder toute l’oeuvre de Robespierre, qu’il me trouve un seul passage où il parle des vendéens en ces termes.

Voici l’extrait d’un document d’historien critiquant un documentaire intitulé «Robespierre, bourreau de la Vendée ?» :

«Le problème est que cette construction digne des plus beaux amalgames et des plus belles manipulations historiques est radicalement fausse et ne s’appuie sur aucun document. D’ailleurs, les «historiens» apparaissant dans l’émission (nous exceptons bien entendu Jean-Clément Martin des guillemets) n’en produisent aucun émanant de Robespierre… S’il en avait eu, ils n’auraient pas manqué de les produire bruyamment. À vrai dire on l’aurait su depuis deux siècles tant les ennemis de Robespierre sont nombreux parmi les écrivains du XIXe siècle sur la Révolution française. Loin de nous l’idée d’affirmer que Robespierre n’a pas soutenu les armées républicaines et la répression de la révolte vendéenne, il partageait peut-être le point de vue de ses collègues du Comité de Salut Public, mais la seule chose dont nous soyons certain, c’est qu’il n’a pas écrit grand-chose sur la question, qu’il n’a prononcé aucun des grands discours sur la Vendée au nom du Comité de Salut Public, bref, qu’il n’a, sur cette question, jamais affirmé une position personnelle (même si, dans plusieurs de ses interventions, il se plaint de la manière dont la guerre a été menée et surtout de la façon dont les factions se sont emparées de la révolte vendéenne pour défendre leurs intérêts politiques particuliers).»

Réf : Article intitulé “« Robespierre, bourreau de la Vendée ? » : une splendide leçon d’anti-méthode historique”.

La seule chose que l’on sache, c’est qu’après l’élimination des Girondins, le général Louis-Marie Turreau reçoit un appui du Comité du salut public émanant de Lazare Carnot. Mais Carnot ne lui donne pas l’ordre de brûler villes et villages (comme l’aurait souhaité Turreau), il lui dit d’exterminer tous les brigands et récupérer les armes. Le même jour où Carnot envoie cet ordre, le Comité du salut publie un arrêté ressemblant fort à une amnistie pour les rebelles vendéens:

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1122132/f159.image

A noter que le général Turreau était particulièrement immonde, car il avait demandé à Antoine-François Fourcroy un gaz capable de tuer en une seule fois quelques centaines de vendéens enfermés dans un lieu clos, comme une église. Fourcroy lui répondit que ce gaz n’existait pas. Les moyens utilisés n’offriront que très peu de résultats et seront abandonnés.

  1. Au sujet des soit-disant 100 millions de victimes pour les crimes soviétiques, il est allé chercher ce chiffre dans le livre «Livre noir du communisme» (1997) dirigé par le très contesté Stéphane Courtois. Non seulement l’ouvrage a été très disputé par les historiens sur des questions de méthodes (assimilation sous le vocable «communisme» de réalités hétérogènes voire contradictoires, problèmes de méthodes, chiffres suspects), sur des questions historiographiques (tentative d’assimilation du communisme au nazisme), mais Stéphane Courtois, maoïste repenti et reconverti, a été contesté par des contributeurs même du livre, qui outre ses partis pris idéologiques lui reprochent «son obsession d’arriver aux 100 millions de morts».

Passons maintenant à la «haine» d’Onfray pour le christianisme qui l’amène a faire des raccourcis inacceptables.

Son livre «Décadence» (2017) a fait l’objet d’un réponse sans bavure de Jean-Marie Salamito :

A noter que Jean-Pierre Salamito attend toujours un débat avec lui sur ce qu’il prétend dans son livre.

Autre exemple du problème qu’a Onfray avec le christianisme. Dans une vidéo qui a été éliminée sur Youtube, il affirme qu’au XVII/XVIIIème siècle on décapitait les gens qui ne se découvraient pas lors du passage du Saint-Sacrement. C’est vrai que l’Eglise catholique n’a pas toujours été tendre dans le passé, mais qu’il me trouve seulement un cas de ce qu’il dit. En fait, il ne se réfère qu’à un seul, celui du chevalier François-Jean Lefebvre de La Barre. Onfray ne s’appuie manifestement que sur ce qu’à écrit Voltaire à son sujet:

«Lorsque le chevalier de La Barre, petit-fils d’un lieutenant général des armées, jeune homme de beaucoup d’esprit et d’une grande espérance, mais ayant toute l’étourderie d’une jeunesse effrénée, fut convaincu d’avoir chanté des chansons impies, et même d’avoir passé devant une procession de capucins sans avoir ôté son chapeau, les juges d’Abbeville, gens comparables aux sénateurs romains, ordonnèrent, non seulement qu’on lui arrachât la langue, qu’on lui coupât la main, et qu’on brûlât son corps à petit feu ; mais ils l’appliquèrent encore à la torture pour savoir combien de chansons il avait chantées, et combien de processions il avait vues passer, le chapeau sur la tête.»

A mon avis, on reprochera surtout à ce jeune homme les faits de profanations de crucifix. Mgr de la Motte, évêque d’Amiens, interviendra auprès de Louis XV au vu de la minceur du dossier d’instruction et du fait que la sentence a été rendue en toute illégalité, puisque Louis XIV a ordonné en 1666 que le blasphème ne soit plus puni de mort. Mais Louis XV refuse d’user de son droit de grâce. Celui-ci aurait été guidé par le raisonnement suivant : le Parlement lui ayant reproché quelques années auparavant d’avoir voulu s’opposer à ce que se poursuive le procès de Damiens, coupable, contre sa personne, de crime de lèse-majesté humaine, l’auteur d’un crime de lèse-majesté divine ne devait pas être traité plus favorablement.

Bien évidemment, l’Eglise catholique et le pouvoir monarchique n’auraient jamais dû torturer et condamner à mort cet homme de surcroît peut-être innocent des fautes qu’on lui a reproché. Mais Louis XV en refusant d’intervenir à la demande de l’évêque est aussi responsable de ce qui s’est passé.

Onfray utilise en tout cas un raccourci historique inacceptable.

Pour info, en 1387 en Angleterre, on rapporte qu’il y avait des capuciés qui ne se découvraient pas lors du passage du Saint-Sacrement. On ne leur a jamais coupé la tête pour autant. On disait d’eux qu’ils étaient simplement des hérétiques membres d’une secte.

Passons à d’autres critiques à son sujet par différents intellectuels :

  1. Voici une critique impitoyable au sujet de son ouvrage «L’ordre libertaire» (2012) :

Jean-Pierre Garnier le descend gentiment.

  1. Onfray n’aime pas les (vrais) débats. Quand il dit qu’il est prêt à débattre, c’est du cinéma. Il n’aime apparemment que les débats où il est sûr de sortir vainqueur. La preuve, Michael Paraire en a fait les frais:

La philosophie de Michel Onfray est une imposture. C’est ce qu’affirme Michael Paraire jeté par Onfray :

D’une certaine manière, Etienne Chouard a aussi eu des déboires avec Onfray. Il aurait voulu débattre avec lui, en particulier sur la démocratie grecque et ça n’a jamais eu lieu (en tout cas à la télé) :

  1. D’après Rémi Lélian, professeur de philosophie et auteur du livre «Michel Onfray, la raison du vide», les analyses d’Onfray sont simplistes, stéréotypés, plein d’incohérences et d’anachronismes. Sa philosophie est médiocre et ses idées politiques très vagues :

https://accattone.net/2017/06/13/remi-lelian-onfray-est-un-escroc-deguise-en-sorcier-lui-meme-deguise-en-philosophe/

  1. Voici un document des Annales historiques de la Révolution française, écrits par des érudits loin d’être des charlots marxistes, qui démolit l’ouvrage d’Onfray sur Charlotte Corday :

https://journals.openedition.org/ahrf/11822

  1. Catherine Portevin a écrit ceci sur philomag.com au sujet de son livre «L’ordre libertaire : La vie philosophique d’Albert Camus» :

«Onfray sait donc aimer avec rigueur. Mais dans le rôle de procureur du passé, il demeure, comme ceux qu’il dénonce, stalinien. Le souci du réel qu’il prône en philosophe n’est manifestement pas celui des historiens. Hélas ! c’est là qu’est l’os.»

  1. Voici enfin l’interrogation d’un internaute sur la vision du FN par Onfray :

Passons enfin à quelques problèmes divers sur les écrits d’Onfray :

  1. Dans l’un de ses livres, Michel Onfray relaie une fake news sur les vikings et le Mississippi :

https://www.numerama.com/pop-culture/279719-dans-son-dernier-livre-michel-onfray-relaie-une-fake-news-sur-les-vikings-et-le-mississippi.html

  1. Onfray n’a pas répondu à l’invitation de Jean-Marie Salamito de débattre avec lui au sujet de Jésus. Salamito a décidé d’aller faire une conférence sur le sujet dans son fief à Caen :

https://www.ouest-france.fr/normandie/caen-14000/caen-cet-historien-qui-se-paye-le-mythe-michel-onfray-5239252

Où était Michel Onfray ? Personne ne l’a vu le soir de cette conférence à deux pas de chez lui. Voilà un philosophe dont la recherche de la vérité n’est pas son objectif premier manifestement.

Ce qui est étonnant dans cette histoire, c’est que ce sont les étudiants de Salamito, de l’université de la Sorbonne, qui lui ont demandé de répondre au livre d’Onfray. Si ça n’avait pas été le cas, jamais Salamito aurait trouvé un quelconque intérêt à répondre à Onfray (comme beaucoup d’historiens au sujet des bêtises qu’il débite à longueur d’ouvrages).

  1. Ecoutez donc un autre échantillon de la «grande» pensée de Michel Onfray :

Je n’essayerai même pas de dénombrer le nombre d’âneries affirmées par Michel Onfray dans les 6’25 petites minutes que dure cette vidéo. Les propos qu’il a tenus sont proprement scandaleux.

  1. Le philosophe confond les peuples autochtones de Papouasie-Nouvelle-Guinée avec ceux de l’Amazonie ! On lui a pourtant dit qu’il s’était trompé, mais il a laissé volontairement l’erreur dans son livre (écrit en une nuit paraît-il !) :

http://www.slate.fr/story/156287/nager-piranhas-naufrage-intellectuel-onfray-guyane

Michel Onfray a-t-il résolu l’énigme de ce qu’il y a sous le pagne des amérindiens ? Avouez que cette histoire est croustillante pour quelqu’un qui s’est attaqué, jadis, à Freud.

En complément, voici un commentaire refusé sous la vidéo de l’interview de Michel Onfray par Thinkerview (ce site censure autant, si ce n’est plus, que le site “Les Crises”) :

Une question pour le mythiste Onfray : pourquoi Jésus sur la croix après avoir dit «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?» quelques-uns de ceux qui étaient là ont dit «Voilà qu’il appelle le prophète Élie!» ? (6:14)

Le racisme n’est pas le racialisme et l’antisémitisme n’est pas l’antisionisme (34:58).

https://twitter.com/BFMTV/status/1286224567439106052

Côté écologie, il est tout simplement nul. On comprend pourquoi il met la démographie comme le principal problème systémique quand il associe le trou de la couche d’ozone au CO2 (2:10:00 et 39:55). Ma grand-mère de 95 ans fait partie des personnes qui confondent le trou de la couche d’ozone avec le changement climatique, mais je ne pensais pas qu’à son âge, et avec sa grande érudition, il en serait là lui aussi.

Pour son info, il n’y a pas de lien aussi évident entre la production de lait et l’abattage des veaux (41:06). La vache a bien besoin d’être en gestation pour produire du lait, comme tout mammifère, mais les méthodes de sélection sur des siècles ont fait que nos vaches produisent nettement plus de lait que son veau n’en a besoin, et tous les veaux ne sont pas abattus. Il faut un seul veau à la vache pour 10 mois de production de lait. Comme il faut au moins 2 veaux pour assurer la survie de l’espèce, on pourrait consommer du lait sans avoir besoin de tuer les veaux. C’est une question de choix de consommation. Il faut simplement consommer moins de lait et de viande pour y parvenir. Mais Onfray laisse supposer qu’il n’y a pas d’alternative alors que c’est faux.

Un veau est sevré entre le sixième et le neuvième mois (plus proche de 6 que de 9). Le veau a besoin de :

  • 5 litres de lait par jour à la naissance,
  • 8 litres par jour à un mois d’âge,
  • 11 litres par jour à 2 mois,
  • 13 litres par jour à 3 mois,
  • 15 litres par jour à 4 mois.

Soit 1800 litres de lait jusqu’à son sevrage.

http://www.veausouslamere.com/veausouslamere/wp-content/uploads/2016/12/civo-allaitement-bd.pdf

https://www.agrociwf.fr/trophees/les-vaches-dor/la-production-standard-intensive-de-lait/

Une vache laitière produit en moyenne 28 litres de lait par jour sur la période de 10 mois, soit 8500 litres de lait. Bénéfice net : 6700 litres.

Les animaux ne redeviennent pas des prédateurs parce qu’on aurait abandonné nos animaux domestiques (44:58). Les plantes n’ont pas de neurone, mais un transmetteur d’information différent. Parler de molécules olfactives pour les acacias est marrant (46:58). Ce n’est pas des impalas qui mangeaient les écorces des acacias, mais des koudous (antilopes élevées pour la chasse) qui mangeaient les feuilles. Comme vous ne pouvez pas changer le contenu de vos ongles ou de vos cheveux, les acacias ne peuvent pas changer le contenu de leur écorce (lire l’article “Le koudou et l’acacia : histoire et analyse critique d’une anecdote”).

Le mot Oummat est la transposition de l’hébreu biblique oummah définissant « un peuple, une tribu, une nation » tiré de la racine ’em désignant la « mère, naissance ». La Oummat c’est la nation, la communauté de ceux qui sont nés d’une même mère (filiation maternelle). Un musulman turc est différent d’un musulman philippin, comme un chrétien français est différent d’un chrétien assyrien (58:36).

Les voitures hybrides ne fonctionnent pas grâce à l’électricité nucléaire (1:09:40). A ne pas confondre avec les voitures hybrides rechargeables.

Onfray ferait bien de lire l’ouvrage de Georgina Vaz Cabral intitulé “La traite des êtres humains” (1:14:00). Il comprendrait que la traite des êtres humains ne concerne pas que l’esclavage dont il parle.

Si Onfray veut corriger le problème soulevé par Alexis de Tocqueville au sujet du suffrage universel dans son ouvrage “De la démocratie en Amérique” avec son éducation populaire, il faudrait qu’il commence par arrêter de raconter tant de bêtises, en particulier sur l’histoire française (1:36:00).

Le “moi” régulier d’Onfray est énervant. C’est un moi qui n’écoute jamais les critiques qu’on lui fait (1:42:20). Je me demande comment on peut s’améliorer dans ces conditions.

Sur Guénon, Onfray a séché lamentablement, lui qui parle de civilisation judéo-chrétienne (2:36:35). Guénon est mort il y a 70 ans. Il n’était pas occultiste, mais métaphysicien. Dans son ouvrage “Décadence”, Onfray ne fait pas de prophétie peut-être ? 70 ans après sa mort, Onfray sera oublié.

Onfray dit des choses assez sensées, mais trop mêlées d’approximations et d’erreurs qui nuisent à la cohérence de son discours. Il devrait améliorer sa connaissance des religions, en particulier de l’islam (il véhicule trop de clichés sur cette religion). Voici ce que je peux dire au sujet de cette interview.

- Ajout du 20 octobre 2020

Admirez ce gros beauf qu’est Michel Onfray qui parle d’une matière qu’il ne connaît pas. Zemmour est l’alter ego de d’Edouard Drumont version islamophobe. Je cherche encore qui pourrait être l’alter ego d’Onfray.

https://twitter.com/Le___Doc/status/1317884332481089536